Brumes

Ces deux mots résument bien mon état d'esprit depuis quelques mois........doutes (ou peurs) et espoirs.........j'ai souvent l'impression de me retrouver face à l'inconnu, comme si je commençais ma vie d'adulte et que j'avais tout à apprendre, cette sensation de se retrouver dans une société dont je ne connais pas les codes , ni le langage me terrifie, c'est comme si j'avancais dans une piece où seule la lueurre d'une chandelle me permettais de trouver la porte..........le fait de ne jamais avoir vraiment vécu en France est en soi un handicap, mais je me dis que si nous avons réussis à nous adapter partout ailleurs nous y arriverons ici aussi: ça c'est mon espoir...........espoir que le projet que nous essayons de mettre en place puisse aboutir pour que nous puissions ainsi enraciner définitivement nos vie ici..........

Il y a des jours où je me lève et je suis comme portée par l'optimisme, où je me dis qu'ensemble on parviendra à franchir les barrières pour accéder à la vie que l'on veux.............puis il y a d'autre jours où même la lueurre de la chandelle ne brille plus, où j'ai la sensation d'être totalement à la dérive et que nous ne parviendrons enfin de compte jamais faire démarrer cette nouvelle vie. En fait c'est un cercle vicieux, comme des montagnes russes émotionnelle et morales qui au bout d'un certain temps me laissent épuisée et me font baisser les bras...........hum on dirait qu'aujourd'hui c'est plutôt le pessimisme qui prime, je ne sais plus.......

Voilà exactement 5 mois et 19 jours que ma vie a basculée..........tout semblait pourtant bien tracé, bien établi et puis hop en deux jours la route qui s'étendait devant ma famille et moi s'est effondrée..........la cause, hum l'ecroulement d'un des piliers de mon univers: mon mari.........en deux jours l'homme avec qui je vis depuis 15 ans est devenu l'ombre de lui-même, il est devenu un être brisé , mis à genou par ce que les médecin nomme dépression. Oui j'ai eu peur, peur de le perdre , peur de ce qu'une telle détresse pouvait entrainer, alors c'est comme anesthésié que j'ai fait les valises et que j'ai decidé que nous devions rentrer, quitter ce continent sur lequel nous étions depuis plus de 20 ans pour rentrer chez nous dans notre nid pour l'aider à se reconstruire.Ce fut le pire voyage de ma vie je crois, il était là à coté de moi en pleine détresse, plein de cette angoisse et de cette culpabilité qui le rongeaient de l'interieur..........et l'incompréhension de mes filles qui devaient rentrer en classe 10 jours plus tards..........inconsciement je savais que si je laissais le moindre sentiment s'exprimer en moi, si j'exprimais la moindre faiblesse nous n'y arriverions pas..........c'est ainsi , dans ce brouillard , que le 14 aout nous sommes rentrer chez nous avec au fond de nous cette certitude non dite que nous ne repartirions pas, qu'un volume de notre vie venait de se clore..........mais le tome deux commence avec tant de douleur et d'incertitudes que cela ressemble d'avantage au départ à de la survie qu'à un nouveau départ..........voilà donc 5 mois et 19 jours que ce tome deux a débuté, la douleur s'est atténuée , mais les cicatrices que l'on ne peut voir sont bien souvent les plus longues à soigner, mais l'incertitude face à l'avenir est toujours là, je dirais qu'elle est même de plus en plus présente parceque bientôt il va falloir mettre les premières pierres de cette nouvelle vie..........comment etre sure que nous les poserons au bon endroit et que ce seront les bonnes ..........là encore un long tunnel s'ouvre à nous au bout duquel nous saurons si nous avons eu le droit à un nouveau départ.................